La société palestinienne est-elle belliciste ?

Publié le par Association France Israël Marseille

Edith Sitbon  "Un autre regard sur le Proche-Orient" n°2 mars 2011

Lors d'une visite au Venezuela, en 1980, Arafat avait déclaré : "Pour nous la paix signifie la destruction d'Israël. On se prépare pour une guerre totale, une guerre qui durera pendant des générations… La destruction d'Israël est l'objectif de notre lutte, et les lignes directrices de cette lutte sont restées fermes depuis la création du Fatah en 1965."

Fayçal Husseini, que la presse a toujours présenté comme un modéré, faisait cette déclaration en 2001 (soit 21 ans plus tard) : "Notre but ultime est la libération de toute la Palestine historique de la rivière du Jourdain à la mer Méditerranée, même si cela signifie que le conflit durera pendant encore 1000 années ou pendant de nombreuses générations ".

La question se pose aujourd'hui. Quelque chose a-t-il changé dans l’approche palestinienne de la paix depuis ces deux déclarations ?

Pour y répondre, l'un des moyens les plus pertinents consiste à écouter le discours public des Palestiniens de ces derniers mois. C’est là un indicateur fiable pour appréhender les objectifs réels de ceux qui s'expriment en leur nom.

Dans les média, dans le système éducatif, sur les panneaux publicitaires, à la lecture des journaux, la volonté de salir l’image des Juifs et d’Israël saute immédiatement aux yeux. Volonté de les diaboliser, de les déshumaniser (sous le qualificatif animalier de singes et de porcs). Volonté de les rendre responsables de tous les malheurs :  ils répandent le sida, ils droguent et empoisonnent la population. C'est Israël qui a assassiné Arafat par le poison ; c’est aussi Israël qui veut détruire la mosquée Al Aqsa , qui vole les organes des Palestiniens, et qui fait même des expériences médicales sur les prisonniers .

Cette responsabilité s'étend aussi à l’échelle du monde ; la dernière diffamation de l'Autorité palestinienne accusait Israël d'être impliqué dans une grande conspiration internationale pour miner les pays arabes et musulmans du Yémen au Soudan ; selon Abd-Al-Rahim, Israël a orchestré  la guerre civile au Liban, la division du Soudan, le conflit civil au Yémen, le massacre des chrétiens en Irak, la persécution des Palestiniens en Irak (Al Hayat un Jadida du 4 janvier 2011).

Tout comme le 6 janvier 2011, quand l'Union des écrivains et des Intellectuels palestiniens dénonçait l'attaque de l'église d'Alexandrie comme une opération destinée à opposer musulmans et chrétiens dans l'Égypte arabe. Elle sous-entendait qu'Israël en était l’auteur .

Autre procédé, le double langage. Le 27 janvier 2011 Abbas s'adressait à un public occidental : « je suis engagé vers la paix mais pas pour toujours », puis face à un public arabe : « j'ai répété plus d'une fois que si les Arabes veulent la guerre, nous sommes avec eux. "

A trois reprises en 2010, Abbas a réitéré sa volonté de se joindre à une guerre globale arabe contre Israël : d'abord devant la Ligue Arabe en mars, puis en juillet, et enfin le 27 janvier 2011.

Ce goût irrépressible pour la guerre se manifeste aussi dans la promotion de la mort et des martyrs  : les «Shahids» seront récompensés,  les enfants encouragés à s'engager dans cette voie.  Au nom de la religion, il faut tuer les Juifs et détruire Israël .Au nom d'Allah, les enfants doivent rechercher la mort . C'est tout le système éducatif via les manuels scolaires et la télévision qui élève le Shahid au statut de héros national. En janvier 2010, au cours d’une émission télévisée du Hamas destinée aux enfants, l’animateur s'exclame sur un mode admiratif :«elle n'a pas plus de 10 ans et elle veut mourir comme Shahida» .

Les camps d'été sont organisés pour faire de ces enfants des combattants.

En témoignent de nombreux clips vidéo diffusés sur la chaine TV de l’Autorité palestinienne :

Le 19 janvier 2011, le slogan «nous traitons le fusil comme un frère » montre que l’AP continue de présenter la violence comme une option qui n’est que différée.

Le 23 décembre 2010, on y affirme "qu'Israël a volé la musique, la nourriture et les terres des palestiniens".

Le 30 décembre 2010 : « nous ne jetterons pas nos armes »

Le 5 janvier 2011 : « notre peuple ne déposera pas le fusil jusqu'à ce que notre terre soit libérée».

Mais après avoir poussé à la haine, puis à la violence, il faut réécrire l’Histoire. Cette réécriture a deux objectifs centraux :

1- Effacer 3000 ans d'histoire de la nation juive sur la terre d'Israël ,

2- Inventer une histoire palestinienne antique, musulmane et arabe, sur cette même terre en lieu et place de celle des Juifs. Ils en sont étrangers, et donc Israël n’a pas le droit d'exister.

Pour ce faire, il faut nier la Shoah, il faut cacher aux Palestiniens que Jésus était juif et qu'il vivait en Judée dans la terre d'Israël. Et il faut naturaliser Jésus comme Palestinien, car c’est l'islam qu’il a prêché et rien d'autre. Ce qui compromet non seulement l'histoire juive mais aussi l'histoire et la légitimité du christianisme.

Tout est fait pour délégitimer Israël et entrer en conflit militaire et idéologique avec lui. Une telle incitation à la haine, une telle promotion de la violence sont incompatibles avec la paix et ne peuvent se comprendre que comme une étape obligatoire pour justifier une guerre totale, donc l’extermination du peuple israélien, à partir d'une victimisation intensive des Palestiniens.

La société des Palestiniens "modérés" est-elle belliciste ? Peut-on affirmer, à la façon de Stéphane Hessel, qu'on ne lui a pas laissé le choix alors que ses dirigeants ont refusé d'innombrables offres de paix ? Pourquoi le peuple et les intellectuels palestiniens n’ont-il pas créé de mouvement symétrique à "La Paix Maintenant", pourquoi  les seules voix qui se font entendre de leur coté sont presque exclusivement celles des officiels et des groupes politico-militaires.

Et de ce coté-là, oui, on est tout à fait belliciste.

Publié dans lettre n° 2

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