Savez-vous à quel point ils vous ont bernés?
Savez-vous à quel point ils vous ont bernés ?
Jean-Pierre bensimon
Un autre regard sur le Proche-Orient Avril 2012 n°6
Peu nombreux et dispersé, l’électorat juif français conserve cependant un certain attrait pour les candidats en lice à la présidentielle. Il donne un certificat de « moralement correct » à ceux qui recueillent ses suffrages. Mitterrand s’en était bien servi. En mal de dynamique politique une fois dissipé le« rêve » qu’il avait su distiller en 1981, il put neutraliser ses adversaires de droite en leur lançant dans les jambes le Front National de Jean-Marie Le Pen, présenté comme la réincarnation du péril nazi. L’électorat juif se réjouit beaucoup, croyant identifier grâce à la martingale du président un vrai ami et un vrai ennemi. En fait, l’édile madré bernait les naïfs : il allait participer de façon décisive à la transmutation du terroriste Arafat en un notable d’état débonnaire, et lui sauver la vie à deux reprises. Son meilleur proche, René Bousquet, était un expert en déportation d’enfants juifs. Le second, Roland Dumas, mariait ses fonctions nationales éminentes et une assiduité presque filiale envers un archi antisémite sanguinaire, le syrien Mustapha Tlass.
Pour conjurer l’accusation éventuelle d’antisémitisme alors qu’il s’apprêtait à lancer sa virulente politique arabe, Jacques Chirac reconnut en 1995 la responsabilité de l’état français dans la déportation des Juifs. Il fut adulé comme ami courageux, mais sa compassion pour les Juifs morts inaugurait une agressivité inégalée envers les Juifs vivant dans la fournaise du Moyen Orient, à partir de 1996. Il espérait obtenir de son antisionisme extrême ce qu’il convoitait plus que tout : l’estime et le soutien des dictatures et théocraties arabes. Il remit dans la foulée les affaires du Moyen Orient entre les mains de son chaleureux ami Rafic Hariri, par ailleurs vizir de la cour Saoudienne. C’est sous le règne de l’ami Chirac que les Juifs français connurent tout à la fois, en écho de l’Intifada palestinienne, des milliers d’agressions antisémites et le feu de la diffamation la plus monstrueuse de l’état hébreu.
Tenaillé par de forts sentiments d’insécurité et désorienté par le piétinement obsessionnel de l’image d’Israël, l’électorat juif dans sa diversité mit ensuite ses espoirs dans Nicolas Sarkozy. Les premières saveurs amères ne tardèrent pas. Quelques jours après son élection, le nouveau président proposait le portefeuille des affaires étrangères à l’antisioniste radical Hubert Védrine. C’était l'annonce de la reconduction de la politique moyen-orientale de son prédécesseur, dans un nouvel emballage.
Et voila que de nombreux regards se portent aujourd’hui sur Marine Le Pen. Son discours ferme sur la sécurité, sa dénonciation de l’islam radical et de l’effacement de la République, son opposition à la dilution de la souveraineté nationale, ont un écho réel dans le pays mais aussi dans un certain électorat juif.
Compte tenu des naïvetés passées et pour éviter de mordre trop facilement à de nouveaux hameçons, il n’est pas superflu d’examiner plus précisément où se situe réellement Marine Le Pen sur les sujets qui préoccupent souvent l’électorat juif.