Israël, bouclier providentiel de la France et de l'Europe

Publié le par Association France Israël Marseille

Jean-Pierre Bensimon  Un autre regard sur le Proche-Orient Editorial Lettre de FIM13 le 3 janvier 2011

  La seule restriction du Conseil européen, c'est le report à avril 2011 de la décision de prendre des sanctions (pas contre Mahmoud Abbas qui a rompu les négociations mais contre Israël) et de reconnaître unilatéralement un état palestinien. Ramallah désirait que l'Europe enchaine sur les reconnaissances du Brésil, de l'Argentine et de l'Uruguay pour créer un mouvement international irrépressible lui permettant d'obtenir un état sans négociations, sans compromis, sans concessions.

Un quarteron (plus un, car ils sont vingt-six) de vieux leaders politiques européens plus ou moins retirés des affaires, menés par Hubert Védrine et Chris Patten, un rassemblement d'adversaires maladifs de l'état hébreu et de vecteurs des haines recuites d'une certaine Europe, ne voulait pas du tout de ces minces restrictions. Dans une lettre à Mme Ashton qui est en charge de cette question, ils demandaient des sanctions immédiates et le déclenchement d'un processus de reconnaissance international du fameux état palestinien, l'universelle panacée de la paix. Ladite Ashton leur a exprimé sa compréhension, mais maintenu le délai d'avril 2011 pour rester en phase avec l'administration américaine. tsahal

La position européenne est en un sens suicidaire. Que fait l'Europe (largement inspirée par la France de de Gaulle à Sarkozy) en prenant ces positions d'hostilité intransigeante et d'alignement sur les Arabes, ou plutôt sur leurs dirigeants ? Elle affaiblit Israël, c'est à dire qu'elle renforce tous les espoirs irrédentistes des jihadistes de Palestine et d'ailleurs, qu'elle leur donne de l'espoir et des perspectives. En un mot, elle renforce chez eux le camp de ceux qui veulent poursuivre la guerre en leur donnant des raisons d'y croire, au détriment d'autres qui pourraient avoir une vision plus prudente et coopérative.

Allons au bout du raisonnement. Que se passerait-il si l'état palestinien était reconnu sans négociations et si Israël était ramené sur les lignes de 1949? Et bien les thèses des extrémistes apparaitraient à tous comme validées, leur ligne comme payante. Faute de contrôle de la vallée du Jourdain d'où Israël serait expulsé, l'expansionnisme naturel des jihadistes les amènerait à opérer une jonction victorieuse avec les Palestiniens (majoritaires) de Jordanie. Le régime hachémite n'y résisterait pas, ouvrant de proche en proche une phase d'instabilité pour Egypte où les Frères musulmans peuvent à tout moment relever la tête. La voie serait dégagée pour le Hamas et ses frères syriens et iraniens dont la première préoccupation serait d'activer le front israélien depuis l'Est cette fois. Une situation de guerre ouverte succéderait à la stabilisation actuelle, car Israël même affaibli tenterait de se défendre. Cette nouvelle guerre déstabiliserait au passage tout le flanc sud de l'Europe, facilitant sur ce flanc les activités des innombrables groupes terroristes prêts à surgir du néant comme les bancs de méduses dans la mer d'été. Nous Français, n'aurions pas seulement la menace de l'AQMI des confins sud-algériens, de l'AQPA yéménite, mais aussi du nouveau complexe Gaza-Cisjordanie. Comme Israël amoindri et politiquement en perdition ne pourrait plus tenir son blocus des armements à destination de Gaza, celle-ci se transformerait un peu plus en port iranien et en base du Hezbollah et d'Al Qaeda. Qu'adviendrait-il de l'Europe ainsi menacée par des forces extérieures redoutable situées à quelques encablures de ses métropoles D'autant que l'attentat de Stockholm vient de prouver que la menace intérieure est une réalité toujours plus tangible auto alimentée par la poussée idéologique islamiste que le Conseil européen consolide en ciblant en permanence l'état hébreu.

On voit qu'Israël joue le rôle indispensable de verrou de sécurité sur le flanc sud de l'Europe, et que son renforcement ou son affaiblissement sont un baromètre de l'activité terroriste à venir, au Proche-Orient ET en Europe. Nous avons donc tous sur le vieux continent, un intérêt majeur, d'importance stratégique, à ce qu'Israël soit fort, même très fort, mais aussi à ce que le soutien européen soit affiché, parfaitement évident au regard scrutateur des tenants de la guerre de civilisation contre l'Occident.

Bien sûr ce changement radical d'attitude de l'Europe, - et la France devrait donner l'exemple pour faire barrage au jihadisme, en cohérence avec les déclarations claires du président Sarkozy sur le péril iranien -, ne plairait pas du tout aux théocraties et dictatures mentionnées plus haut. Elles se moquent du sort des Palestiniens comme de leurs premières babouches, mais elles ont besoin de la haine d'Israël, en guise de bouclier contre la colère légitime des peuples arabes que ces régimes traitent de la façon la plus indécente. La stature de l'Europe et de la France aurait quelque chose de dérisoire si elles devaient accepter des risques stratégiques majeurs au détriment de leur population en continuant d'affaiblir politiquement et moralement Israël. Et cela pour ne pas contrarier quelques poignées de princes, de généraux et de fanatiques islamistes qui sèment la haine et la violence aux quatre coins de la planète et d'abord parmi les musulmans.

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